Par Yves Le Mer, membre de Peuples Solidaires, dans « Les Echos de Peuples So » d’avril 2012
Le droit à l’alimentation figure dans la Déclaration des Droits de l’Homme de 1948. Pourtant, 1 milliard d’êtres humains souffrent de la faim. Et nous devrons bientôt en nourrir 9 milliards, sans épuiser les ressources naturelles de la planète ni détruire l’environnement.
Comment faire ?
Peuples Solidaires considère que les agricultures paysannes, familiales et agro-écologiques doivent être privilégiées et optimisées si l’on veut répondre à ce défi. Elles peuvent produire de la nourriture, fixer les populations, faire vivre les territoires ruraux, donner du travail, prévenir l’exode, favoriser la paix sociale et entretenir la stabilité politique de la plupart des pays en leur assurant une sécurité alimentaire. Il faut donc les soutenir.
Comment ?
D’abord, en assurant aux familles concernées l’accès à l’eau, aux semences, au crédit… et surtout à la terre. Trop de paysans, et plus encore de paysannes, sont en attente de véritables réformes foncières qui leur garantissent cet accès. En Inde, le mouvement Ekta Parishad demande depuis des années au gouvernement une juste distribution des terres. Il a déjà obtenu des résultats, mais la tâche à accomplir reste immense. Cinq ans après la marche de 2007, le mouvement organise donc une nouvelle marche cette année.
Ensuite, en empêchant les accaparements massifs de terres par des pays, des fonds souverains ou spéculatifs, des entreprises minières, des multinationales de l’agrobusiness alimentaire ou des agrocarburants. On estime à plus de 227 millions d’hectares les surfaces qui ont ainsi été accaparées ces dix dernières années. Exécutées dans la plus grande opacité, sans consultation des populations, ces pratiques engendrent la corruption, privent les paysan-ne-s de leurs terres, les contraignent à l’exode ou à un salariat indigne et favorisent l’essor d’une agriculture très capitalistique, intensive, dédiée à l’exportation, qui pollue les milieux et épuise les ressources naturelles. C’est pour cela que Peuples Solidaires et ActionAid ont été à l’initiative de l’Appel de Dakar, signé depuis par 900 organisations, qui demande l’arrêt immédiat de tous les accaparements de terres.
Enfin, en protégeant cette agriculture paysanne des effets dévastateurs de la concurrence de l’agrobusiness, de la volatilité des prix et de la spéculation. Il y a nécessité de réguler les marchés par pays ou groupes de pays, de garantir des prix rémunérateurs et d’encourager les associations de producteurs. Soutenues, optimisées par les techniques de l’agro-écologie, les agricultures familiales et paysannes peuvent largement contribuer à relever les défis liés à l’alimentation mondiale.
Source : http://www.peuples-solidaires.org/wp-content/uploads/2009/10/Les-Echos_139-web.pdf